Vous arrive-t-il de vous dire « Je ne supporte plus ma mère » ? Si tel est le cas, sachez que vous n’êtes pas seule dans cette situation. Les relations mères-filles sont souvent complexes et il est fréquent de ressentir à certains moments de l’agacement, de la colère ou même du rejet envers sa mère. Bien que le sujet soit encore tabou, il est important d’en parler sans jugement. Car mettre des mots sur ce sentiment et en comprendre les raisons est la première étape pour aller mieux. Cet article vous propose des pistes de réflexion et des conseils pour vous aider à y voir plus clair et à avancer.
Les raisons pour lesquelles on peut ne pas supporter sa mère
Une relation fusionnelle ou à l’inverse distante
Dans certaines familles, la relation mère-fille est très fusionnelle, ne laissant que peu d’espace à l’une comme à l’autre. La fille peut alors éprouver un sentiment d’étouffement, avoir l’impression de ne pas être écoutée ni comprise en tant qu’individu à part entière. À l’inverse, une mère distante, peu démonstrative voire froide affectivement, suscitera plutôt un sentiment d’abandon et de rejet. Ces deux extrêmes relationnels sont inconfortables et à l’origine de nombreuses frustrations.
Des attentes maternelles élevées
« Ma mère est trop exigeante », « Elle veut que je réussisse là où elle a échoué », « J’ai l’impression de ne jamais être à la hauteur »… Vous reconnaissez-vous dans ces affirmations ? Certaines mères, souvent par amour et avec de bonnes intentions, projettent sur leur fille des attentes démesurées. Cela génère une pression difficile à porter et un sentiment d’insuffisance permanent, facteurs de tension dans la relation.
Des non-dits et problèmes de communication
Parfois, la relation se envenime à cause de non-dits, de sujets sensibles jamais abordés. Les conflits larvés, les silences chargés de reproches implicites, le manque d’expression des émotions… Tous ces éléments dégradent peu à peu la qualité des échanges. Sans communication authentique, la compréhension mutuelle devient difficile et les ressentiments s’accumulent, donnant l’impression de ne plus pouvoir se supporter.
Des personnalités et valeurs différentes
Même si le lien mère-fille est unique, cela ne signifie pas pour autant que l’on soit pareilles ou d’accord sur tout. Vouloir s’affirmer autrement, faire des choix de vie différents peut générer de l’incompréhension et des frictions. Particulièrement à l’âge adulte, quand les différences de personnalité, d’opinions et de valeurs s’affirment. Accepter qu’on puisse ne pas se ressembler est alors un vrai défi.
Est-il normal de ne pas aimer sa mère ?
Un sentiment de culpabilité fréquent
Étant donné le poids des normes sociales, il est courant de culpabiliser lorsqu’on réalise qu’on n’aime pas sa mère autant qu’on le « devrait ». Ce sentiment est tabou, comme s’il était honteux, voire anormal d’éprouver autre chose que de l’amour inconditionnel pour celle qui nous a mise au monde. Pourtant, ce que l’on ressent est légitime, et il est crucial de s’autoriser à l’exprimer sans s’en vouloir.
Chaque relation est unique
Il n’y a pas de modèle universel en matière de relation mère-fille. Certaines sont très proches et complices, d’autres moins, d’autres encore sont conflictuelles. Chaque situation est singulière, avec son histoire, ses joies et ses blessures. Plutôt que de vous comparer aux autres, concentrez-vous sur votre réalité propre et sur ce que vous ressentez vraiment, au-delà des injonctions sociétales.
Dissocier la mère de la femme qu’elle est
Pour démêler vos sentiments, il peut être utile de dissocier les différentes « facettes » de votre mère. Votre mère n’est pas uniquement « mère ». Elle est aussi une femme, avec une personnalité, un vécu qui ne se résume pas à la maternité. Arriver à la voir comme une personne à part entière, avec ses forces et ses faiblesses, permet de prendre de la distance et de nuancer son ressenti.
Comment améliorer la relation avec sa mère
Mettre des mots sur ses émotions
La première étape pour aller vers une relation plus apaisée est de clarifier vos émotions. Qu’est-ce qui est difficile précisément dans votre relation ? Quels sont vos besoins insatisfaits ? Identifiez ce qui fait naître en vous de la colère, de la tristesse ou de la frustration. Mettre des mots, pour soi dans un premier temps, est libérateur et permet de prendre du recul.
Exprimer son ressenti avec bienveillance
Si un dialogue est envisageable, vous pouvez essayer de dire à votre mère, avec calme et bienveillance, ce que vous ressentez. Exprimer ses émotions sans attaquer l’autre ni lui faire de reproches est la clé d’un échange constructif. Par exemple, au lieu de dire « Tu ne me laisses jamais tranquille ! », préférez « J’ai parfois besoin de plus d’espace pour me ressourcer ». La communication non violente propose des techniques simples pour se faire comprendre sans s’agresser.
Définir ses limites
Pour prendre soin de vous, il est crucial de savoir poser vos limites. Jusqu’où êtes-vous prête à aller dans l’échange, le compromis, le soutien ? Identifier ce que vous pouvez accepter et ce qui est trop pour vous. Puis le signifier à votre mère, tranquillement mais fermement. Par exemple : « Je ne souhaite pas aborder ce sujet avec toi », « Je ne suis pas disponible ce week-end ». Rappelez-vous qu’il est sain et nécessaire d’avoir des limites!
Accepter que sa mère ne changera pas fondamentalement
Espérer que sa mère évolue radicalement est souvent source de déception. Car au-delà d’ajustements possibles, l’autre ne se transformera pas pour nous faire plaisir. Plutôt que d’attendre un changement improbable, apprenez à lâcher prise. Faites le deuil de la mère « parfaite » que vous aimeriez avoir, pour accepter, autant que possible, celle que vous avez, avec ses qualités et défauts.
Consulter un thérapeute si besoin
Si la situation est trop douloureuse ou dans une impasse, il peut être salvateur de consulter un thérapeute. Un regard extérieur bienveillant vous aidera à exprimer vos émotions, mettre en lumière les schémas relationnels, réfléchir à de nouvelles manières de communiquer avec votre mère. Cela ne signifie pas forcément une thérapie familiale ! Évoluer soi permet souvent de modifier la relation, même sans la présence de l’autre.
Prendre soin de soi malgré tout
Différencier ses émotions de celles de sa mère
Lorsque les relations sont compliquées, on a tendance à absorber les émotions de l’autre comme des éponges : sa tristesse, sa colère, sa déception… Au point de ne plus savoir démêler ce qui nous appartient vraiment. Pour vous protéger, apprenez à vous « différencier » émotionnellement. Par exemple, rappelez-vous que vous n’êtes pas responsable des réactions et émotions de votre mère, ni de combler ses manques. Recentrez-vous sur VOTRE vécu.
Trouver d’autres figures maternelles
Accepter que votre mère ne puisse combler tous vos besoins affectifs est un cap important. Autorisez-vous à créer ailleurs ce lien « maternel » qui vous fait défaut : auprès d’une amie plus âgée, d’une tante bienveillante, d’une grand-mère de cœur, dans des groupes de parole entre femmes… Ces soutiens vous aideront à vous sentir entourée et pourront représenter une « famille » choisie rassurante.
Être indulgente avec soi-même
Face à une relation mère-fille qui fait souffrir, la tendance est souvent de s’en vouloir. De ne pas savoir comment agir, de culpabiliser, de douter de soi… Essayez de cultiver l’auto-compassion. Soyez douce et patiente avec vous-même, comme vous le seriez avec une amie. Les relations familiales sont sans doute le domaine le plus complexe à appréhender. Alors laissez-vous le droit d’avancer à tâtons, de faire des erreurs, de ne pas savoir… Vous faites de votre mieux !
S’il est courant et légitime de traverser des périodes où on « ne supporte plus sa mère », il existe des moyens de vivre plus sereinement la situation. En osant mettre des mots sur son ressenti, en renouant le dialogue si c’est possible, en posant ses limites aussi. Sans oublier de prendre soin de soi et de trouver des soutiens extérieurs à la relation. Bien sûr, tout cela demande du temps, chaque avancée se fait pas après pas. L’essentiel est de cheminer à son rythme sur cette voie, avec bienveillance. Vous avez toutes les ressources en vous pour y arriver et vous épanouir !