Au cours d’une époque pendant laquelle l’ensemble de l’humanité est confronté à une crise sanitaire sans précédent, de nouvelles façons de vivre le quotidien se sont dévoilées à l’ensemble des foyers. Après le confinement d’environ deux mois, la démocratisation du télétravail, ainsi que la suspension des écoles, nous tentons tous tant bien que mal de reprendre une vie normale.
Pourtant, au lendemain de la rentrée des classes, nombreuses sont les classes déjà suspendues en raison de cas décelés en leur sein, ce qui pousse les parents à devoir garder leurs enfants à la maison ; tandis que l’instruction reste toujours un devoir envers l’enfant.
Stress, imprévus, tensions, tel est le quotidien de nos têtes blondes (et le nôtre, ne le cachons pas). Du côté de l’enfant, difficile de vivre une année scolaire sereine et productive, et donc, d’en tirer quelque chose. Et si la clé pour réussir se trouvait dans le « Homeschooling » ?
Homeschooling, une notion pas si nouvelle
« Il n’existe aucune école comparable à un foyer décent et aucun professeur semblable à un parent vertueux. » disait Gandhi. « L’apprentissage par soi-même est la seule éducation possible. Tout le reste n’est qu’une fine couche de vernis, apposée à la surface de l’enfant. » soulignait Charlotte Mason, enseignante britannique ayant voué sa vie à améliorer la qualité de l’apprentissage chez les enfants. Eh oui, le concept du « homeschooling » ne date pas d’hier ni d’aujourd’hui.
« Études à la maison », « cours par correspondance », nous avons tous certainement connu quelques enfants (parfois même des adultes) qui préféraient étudier à la maison plutôt que de s’essayer aux bancs des écoles. Chez les enfants, ce sont en particulier ceux atteints de troubles ou pathologies qui ne leur permettent pas d’aller à l’école, ou les enfants grandissant dans des environnements nomades (gens du voyage, forains, enfants d’hommes d’affaires) qui ont le plus souvent recours à ce procédé… tout du moins, selon les idées reçues.
Car tout enfant a le droit d’étudier chez lui, même s’il est apte à se rendre sur les bancs de l’école, physiquement parlant. Contrairement à l’idée reçue qui germe souvent dans l’esprit des parents : l’école n’est pas obligatoire. C’est l’instruction qui l’est. Ainsi, il est tout à fait légal et honnête de procéder vous-même à l’éducation de vos enfants sans passer par un organisme public, sachant qu’il est tout de même possible de se faire accompagner par un établissement à distance, ou non.
Un point sur les prérequis
Avant de détailler le principe, faisons un point sur les « prérequis » avant d’envisager une instruction dans la famille. Prérequis entre guillemets, puisqu’il ne s’agit pas de s’équiper de tas d’objets coûteux ni d’aménager une salle de classe dans votre salon.
Les points abordés ci-après sont bien sûr tirés du texte de loi concernant l’instruction dans la famille et sont disponibles sur les sites gouvernementaux.
- N’importe qui peut choisir d’instruire son enfant chez soi. Le professeur en charge de l’enfant peut être un membre de la famille ou toute personne du choix du responsable légal. Aucun diplôme n’est nécessaire afin d’assurer l’enseignement.
- Lorsqu’une instruction dans la famille est choisie, il convient d’effectuer une déclaration écrite au maire de votre commune de résidence, ainsi qu’au directeur académique de votre département. Vous devez le faire dans les huit jours après la rentrée / après l’inscription effectuée.
- Il est possible de se faire assister par le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED), passer par un établissement de cours par correspondance privé, ou tout simplement s’occuper de l’instruction soi-même.
- Une enquête sociale et des contrôles d’instructions réguliers sont prévus dans le cadre de l’instruction dans la famille afin de vérifier si l’environnement de travail est optimal et si l’enseignement est poursuivi dans la durée.
- Vous ne pouvez pas enseigner des enfants qui n’appartiennent pas à une même famille chez vous. Cela doit rester dans le cadre strictement familial. Une personne extérieure peut enseigner à votre enfant, mais vous n’avez pas le droit d’enseigner à deux enfants provenant de familles différentes dans le même « établissement » d’instruction à la famille.
Pour plus d’informations à ce sujet je vous renvoie sur le texte de loi disponible sur n’importe quel site de l’académie ou du gouvernement que vous pourrez retrouver ici : https://www.ac-montpellier.fr/dsden66/cid90902/instruction-dans-famille-enseignement-distance.html
Les avantages et praticités du « Homeschooling »
Apprentissage serein, pratique, et malléable, les bienfaits du « Homeschooling » pourront séduire parents et enfants. Revenons dès à présent ensemble sur les avantages liés à l’instruction dans la famille et la façon dont vous et votre enfant pourriez vous épanouir en choisissant cette voie.
Si l’instruction familiale peut effrayer ; elle comporte pourtant de nombreux avantages pratiques qui permettent un épanouissement optimal de votre enfant au sein de son apprentissage. Dressons ensemble une liste afin de vous donner une idée de ces bénéfices :
- L’instruction en famille permet d’adapter la répartition de la charge de travail. En effet, vous décidez combien de temps l’enfant travaille, et sur quelle période. Vous pouvez donc répartir les vacances, jours de congés, et jours d’école comme bon vous semble. Pratique lorsque vous avez des obligations liées au travail par exemple.
- L’enfant bénéficie d’un environnement optimal : la salle de classe bruyante n’existe plus ni le trajet éventuel qu’il aurait à faire chaque jour pour se rendre à l’école. Aussi, il gagne une heure de sommeil et est mieux disposé à apprendre.
- L’enfant peut suivre une scolarité adaptée à lui. Dans les salles de classe, l’enfant fait avec le groupe. S’il a du mal à comprendre, au bout d’un certain temps, le professeur passera à autre chose, tandis qu’à l’inverse, si l’enfant comprend très vite, il s’ennuiera, car l’instituteur veut enseigner à la majorité. L’école par correspondance permet de s’attarder sur les difficultés de l’enfant, tout en s’arrêtant moins sur les éléments qu’il comprend facilement. C’est un enseignement ciblé.
- Le budget de l’instruction en famille n’est pas plus élevé que celui de l’enseignement traditionnel. Il suffit d’avoir les fournitures, un ordinateur avec imprimante et connexion internet fonctionnelles afin de se lancer. Si vous avez recours à un organisme tiers type CNED, des frais d’inscription seront imputés, mais les livres et évaluations seront fournies. De plus, une année au CNED est bien plus accessible qu’un enseignement dans le privé.
- Un environnement stable en comparaison de la crise actuelle : ne plus avoir peur que votre enfant rentre avec le risque d’être contaminé au Covid est un vrai plus, ne le cachons pas. De plus, cela permet d’éviter un climat anxiogène à l’enfant en raison des gestes barrière, du contexte sanitaire, et du port du masque permanent imposé dans les lieux clos. Instruire votre enfant dans la famille soulagerait ce dernier du contrôle permanent qu’il doit exercer sur un comportement naturel type contact avec les autres.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, et d’autres arguments plus personnels pourraient vous convaincre de recourir à l’instruction dans la famille. C’est à vous de faire le point sur votre situation et de prendre votre décision.
Contraintes liées à l’apprentissage dans la famille
Si l’apprentissage dans la famille était véritablement l’Eldorado que je décris, plus aucun enfant ne serait à l’école à l’heure où je vous parle. Vous vous en doutez certainement ; si certains parents n’ont pas recours à cette voie, c’est tout simplement, car il existe certaines contraintes à prendre en compte lorsque vous prenez votre décision. Dressons ensemble une liste de ces contraintes :
- Le manque de temps : c’est le premier facteur qui pourrait entraver votre démarche, en particulier pour les enfants les plus jeunes. L’instruction dans la famille nécessite un plein investissement de l’adulte responsable du cursus de l’enfant. Autrement dit, il est assez difficile de cumuler un travail physique avec l’instruction de l’enfant. Avant de vous engager, il faut donc vous assurer que vous pourrez rester chez vous avec votre enfant (si par exemple, vous faites du télétravail), ou qu’une personne de votre entourage est capable de dispenser l’enseignement à l’élève (Famille, ou professeur particulier par exemple). Ce qui suit est à vérifier, mais je pense que dans le contexte actuel, les grands-parents ne pourraient pas faire office de professeurs.
- Le programme scolaire : contrairement aux idées reçues que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux ; instruire son enfant ce n’est pas lui apprendre à lire, écrire, compter. Il est de votre devoir de suivre le programme de l’éducation nationale et de vous pencher sur des notions que vous ne maîtrisez peut-être pas forcément. Français, Mathématiques, Histoire-Géo, Éducation civique et une langue (Anglais ou Espagnol) sont obligatoirement suivis dans l’enseignement. De même, l’enfant doit faire du sport régulièrement ; dans un club ou non. Si vous n’êtes pas capables de maîtriser ces sujets, des recherches personnelles seront nécessaires afin de pouvoir enseigner convenablement.
- Avoir plusieurs enfants : dans le cas où vous avez plusieurs enfants, il convient de leur dispenser un enseignement à chacun. Certes, vous pouvez organiser une salle de classe chez vous sans problème, mais il faut veiller à ce que chacun soit au niveau requis pour son âge. Vous devrez préparer vos cours, comme un véritable professeur, et faire progresser l’enfant selon ce qu’il doit savoir.
Instruction dans la famille : mon enfant deviendra-t-il asocial ?
L’instruction dans la famille est souvent mal perçue par la sphère scolaire, parents ou enseignants. L’argument qui revient le plus souvent lorsqu’on en parle est la sociabilité. Là, le parent se pose la question fatidique : « vais-je entraver le développement émotionnel de mon enfant en choisissant l’instruction dans la famille ? » Répondons-y ensemble.
L’école est le lieu des amitiés, des rivalités, des premiers amours et conflits, c’est un fait. L’enfant bénéficie d’un environnement structuré dans lequel il effectue des tas de rencontres et qui lui permet de se tester émotionnellement dans un cadre défini par des règles. C’est une manière de lui apprendre à vivre dans une microsociété représentée par la classe, et cela permet de se construire en tant qu’adulte. Mais l’école est-elle vraiment le seul endroit qui permet de développer ces facultés ?
L’instruction dans la famille n’est pas un frein au développement social de l’enfant en soi. C’est l’absence de fréquentation d’autres enfants qui en est le fruit. Je peux en parler de manière personnelle, puisque j’ai moi-même grandi en suivant l’instruction dans la famille, et je me considère comme très sociable. Mes amis ne proviennent pas de l’école, mais des aires de jeu, des terrains de sport, et autres lieux de rencontre (bibliothèques, etc.). Le frein social ne provient donc pas de l’instruction en elle-même, mais de l’isolement qui survient si l’enfant ne fréquente pas de lieux où d’autres enfants se rassemblent, dans un contexte extrascolaire.
C’est donc votre travail en tant que parent de favoriser l’évolution sociale de votre enfant en tenant compte de son caractère. L’instruction dans la famille ne sera néfaste ni pour un enfant extraverti, ni pour un introverti, mais votre rôle dans sol évolution sentimentale sera différent selon le caractère de votre enfant. Mais au fond, qui de mieux que vous pour comprendre ses besoins ? Qui de mieux que Renault pour entretenir votre Renault ? dit la publicité du même nom. C’est le même principe, dans le fond 😉
En conclusion
Dans ce contexte de crise sanitaire au cours duquel les parents deviennent de plus en plus ouverts à l’instruction alternative, j’espère avoir fait le tour de la question de façon claire, concise, et complète. Les partisans de l’éducation familiale sont de plus en plus nombreux, pour des raisons diverses et variées, mais gardez surtout à l’esprit que ce qui compte le plus : c’est la volonté de l’enfant. Certains se réjouiront à l’idée de ne plus aller à l’école, d’autres voudront garder leurs habitudes. Discutez avec lui, montrez-lui clairement ce qui changera, et obtenez son consentement explicite.
Car n’oubliez pas ; au fond, l’école à la maison c’est un partenariat entre vous et votre enfant, et vous vous engagez tous les deux envers l’académie. Prenez donc un moment pour en discuter, et profitez-en afin d’établir en environnement de travail à l’ambiance légère et décontractée, en contraste avec le climat anxiogène actuel.