Mon enfant ne parle pas en classe

Publié le
Par Laurent

Un fait paradoxale et mystérieux peine une proportion non négligeable de parents  à travers le monde entier : leurs enfants refusent de parler en classe. Pourtant, ces derniers mènent une communication normale voire excessive dans d’autres situations. Ce trouble assez intriguant et connu sous la dénomination de mutisme sélectif apparaît au cours de l’acquisition du langage par l’enfant et est causé par de nombreux facteurs. Ses conséquences à long terme étant assez graves, il importe de le prendre précocement en charge en vue de faciliter l’intégration de son enfant mutique. Venez à la découverte de tout ce qu’il convient de savoir sur le mutisme sélectif.

Une note d’histoire

Avant de donner une définition précise du mutisme sélectif, il semble plus didactique de remonter dans l’histoire. Cette petite virée permettra de voir comment ont évolué les connaissances au sujet de ce trouble pour revêtir l’aspect qu’il a aujourd’hui. C’est en 1877 en Allemagne que fut décrit pour la toute première fois, le mutisme sélectif par un médecin du nom d’Adolf Kussmaul . Pour information, plusieurs expressions médicales contiennent le nom de ce célèbre médecin. On peut citer entre autres la dyspnée de Kussmaul retrouvée dans les acidoses métaboliques et le pouls de Kussmaul décrit dans la péricardite.

Ce dernier fit le constat qu’il existait une catégorie d’enfants qui refusaient délibérément de communiquer dans certaines conditions alors qu’ils le faisaient dans d’autres. Ses travaux seront repris cinquante années plus tard par une psychiatre polonaise du nom de S. Morgenstern qui donna le nom de mutisme psychogène au trouble. Après avoir suivi pendant deux années un garçon de 9 ans qui présentait le trouble, elle conclut que sa genèse se trouvait dans un conflit intrapsychique en cours au sein de son patient.

La dénomination connue aujourd’hui apparaît pour la première fois sous la plume d’un psychiatre Suisse pour qui, ce mutisme n’est que la conséquence d’un trouble de la personnalité. Il faut attendre les années 90 pour que le sujet suscite un réel intérêt dans le rang des scientifiques du fait de la flopée du nombre de cas. C’est ainsi que les théories élégantes qui seront abordées ci-dessous ont été élaborées.

Le mutisme sélectif : qu’est-ce-que c’est ?

Le mutisme sélectif peut être défini comme un trouble à la fois anxieux et communicationnel qui traduit l’incapacité permanente d’un enfant à s’exprimer dans des conditions données (comme en situation de classe dans le cas d’espèce) . Pourtant,  il est en mesure de comprendre ce qu’on lui dit, et s’exprime sans gêne dans d’autres cas (dans le cadre familial par exemple). Débutant dans la majorité des cas depuis le bas âge, il intimement lié à la timidité et à l’anxiété sociale. Autrement dit, le cadre scolaire représente pour l’enfant, un environnement qui crée et potentialise en lui, un état de stress. Il se réfugie alors sous son silence qui est malheureusement interprété dans certains cas comme un signe d’irrévérence et d’opposition plutôt qu’une marque de timidité et d’anxiété. Quelles peuvent bien être les causes de ce problème ?

Quelles sont les causes du mutisme sélectif ?

Plusieurs théories tentent d’expliquer pourquoi votre refuserait de s’exprimer en classe. Loin de se contredire, elle se complètent toutes pour proposer une étiologie logique avec de multiples facettes. Ce sont :

  • la théorie de la phobie sociale ;
  • la théorie comportementale ;
  • la théorie génétique ;
  • et la théorie systémique familiale ;

 

La théorie de la phobie sociale

D’après cette théorie, votre enfant refuserait de parler de peur de paraître ridicule  et d’être la risée de tout le monde. Cette explication s’applique beaucoup plus pour les enfants de 10 ans au moins d’âge. Ces derniers sont intimidés par le grand monde, manquent de confiance en eux et transforment du coup leur comportement pour paraître transparents.

La théorie comportementale

D’après cette théorie, le mutisme sélectif de votre enfant serait de type réactionnel. Ainsi, parce que ses interventions passent souvent inaperçues, il est frustré et crois ne pas être intéressant. Il décide alors de se renfermer sur lui-même, manifestation évidente de son anxiété.

La théorie génétique

Cette théorie postule qu’il existerait des facteurs génétiques à l’origine de la phobie sociale qui seraient  transmis de génération en génération. Un enfant qui en hériterait disposerait alors d’un lit sur lequel pourraient facilement se greffer des situations anxiogènes, ce qui déclencherait alors son mutisme.

La théorie systémique familiale

Elle explique pourquoi les enfants qui subissent trop de pression de la part de leurs parents finissent pas développer un mutisme sélectif. En effet, ces derniers sont la cible d’un contrôle excessif au point de ne plus avoir de liberté. Ils perdent du coup l’esprit d’initiative, sont frustrés et ont du mal à affronter un environnement étranger.

Les conséquences du mutisme sélectif

Le mutisme sélectif peut, lorsqu’il n’est pas adéquatement pris en charge, être la cause de nombreux problèmes de gravité variable. Tout d’abord, l’enfant paraît plus timide, plus isolé de la société et est souvent incapable de se défendre. Ceci augmente le risque qu’il  soit taquiné et maltraité. Ensuite, son processus d’apprentissage prendra un sérieux coup. Étant mutique, il hésitera à poser des questions et à demander de l’aide en cas de besoin. Du coup, il ne peut acquérir les compétences nécessaires pour compléter son parcours. Ses résultats scolaires seront du coup mauvais, ce qui renforcera encore sa frustration. Un cercle vicieux s’installe alors et l’enfonce encore plus. Il perd tout sens d’initiative, déprime et peut à la longue mettre fin à ses jours.

Comment aider son enfant ?

Un enfant qui refuse de parler en classe doit bénéficier au plus tôt d’une prise en charge adéquate qui implique aussi bien ses parents, son enseignant que des spécialistes de la communication (orthophonistes) et du comportement (psychologues, psychiatres). En tant que parent, vous devez aider votre enfant à relever son estime du soi. Pour cela, évitez de le brimer et de lui faire des remontrances parce qu’il ne parle pas en classe. Ne vous mettez pas en colère et ne lui mettez pas de la pression. En lieu et place, commencez dorénavant par faire son éloge, par lui faire sentir qu’il est important, que sa voix compte. Passez du temps avec lui.

Faites-vous aider par les professionnels cités ci-dessus, mais avant, assurez-vous que les causes les plus fréquentes d’anxiété sont écartées. Il est primordial que l’enfant se sente calme et non anxieux. Ses enseignants doivent également être informés de son état et doivent pouvoir collaborer pour l’aider. Une certaine complicité doit être établie entre ceux-ci et l’enfant.

Ainsi, votre enfant ne parle pas en classe parce qu’il souffre d’un trouble anxieux et communicationnel dénommé le mutisme sélectif. Toutes les situations qui créent en lui un état de stress peuvent lui faire adopter ce comportement. Il est donc d’une importance capitale pour les parents de dissiper le doute qui existe en eux, de leur faire prendre confiance. Ils peuvent se faire aider de plusieurs spécialistes pour cela : l’orthophoniste, l’ergothérapeute, le psychologue, le pédopsychiatre…Le rôle de son enseignant ne doit pas, bien entendu, être occulté.

Auteur
Laurent
Depuis 10 ans, je me consacre au Web Marketing. En 1995, à l'aube de l'ère numérique, j'ai débuté ma carrière en travaillant au sein d'un rectorat et d'un Centre Régional de Documentation Pédagogique, marquant mes premiers pas dans le monde du web. Détenteur d'une licence en mathématiques pures, mon parcours académique et professionnel se conjugue à mon rôle de père de deux enfants. Ces expériences m'offrent une vision unique sur les sujets d'éducation, de loisirs et de famille.